Libres penseurs athées

Louise Mailloux

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Louise Mailloux

Biographie

Professeure de philosophie au Collège du Vieux Montréal, intellectuelle athée, féministe et laïque, elle est cofondatrice du CCIEL (Collectif Citoyen pour l’Égalité et la Laïcité) en 2009. Elle est également l’éditrice du site Cciel (www.cciel.ca). Polémiste engagée, Louise Mailloux collabore régulièrement à l’Aut’Journal (www.lautjournal.info) depuis 2008 et occasionnellement au site québécois féministe Sisyphe (www.sisyphe.org).

Elle s’intéresse à la philosophie de la laïcité, soit la dimension politique des religions, particulièrement celle de la critique des intégrismes religieux en lien avec les droits des femmes. Outre sa participation comme conférencière à des débats et à des colloques, elle est l’auteure de nombreux articles se portant à la défense d’une laïcité universaliste républicaine. Son opposition à une laïcité ouverte aux religions demeure une constante de ses interventions et en fait une des intellectuelles québécoises les plus mordantes sur cette question.



Résumé de conférence

La laïcité a-t-elle tué l’athéisme ?
Aussi disponible : Texte intégral de cette conférence

Louise Mailloux au podium, 2010-10-01
Louise Mailloux au podium, 2010-10-01, 2010-10-XX
Photographie : J. Jarry

Le siècle des Lumières fut sans contredit l’âge d’or de la critique antireligieuse et si on y regarde de plus près, on constate aussi qu’il nous a donné un bien curieux mélange. Alors qu’une gauche matérialiste et radicalement athée avec d’Holbach et Diderot a précipité la mort de Dieu et prédit celle des religions, une droite, anticléricale certes, mais déiste avec en tête Locke et Voltaire nous a donné la laïcité, la condamnation de l’athéisme et le respect des religions.

Se pourrait-il que cette laïcité qui a mis fin aux guerres de religions et contribué avantageusement à pacifier l’Europe ait en même temps désamorcé la charge tonifiante de l’athéisme au point de miner sa fonction critique ? Et que penser de cet autre produit des Lumières où le chrétien Kant en départageant la foi de la raison a su mettre l’idée de Dieu à l’abri des assauts de la science ? Se pourrait-il que tous ces éléments aient affaibli l’athéisme au point de nous rendre encore aujourd’hui inconfortable et timide avec la critique des religions ?

Ce respect excessif dont jouissent les religions auquel Richard Dawkins fait allusion au tout début de son ouvrage Pour en finir avec Dieu n’aurait-il pas sa source chez les penseurs laïques et déistes des Lumières ? Se pourrait-il que ce siècle des Lumières, où dit-on, la raison a dominé, fut également celui qui a fort habilement muselé les athées en les assoyant bien gentiment aux côtés des croyants ? Mais la laïcité ne serait-elle pas de toute façon un compromis obligé, un lamentable aveu d’impuissance des athées à pouvoir éradiquer les religions ?

Depuis plusieurs années déjà, dans nos démocraties laïques nous assistons à un retour du religieux qui devrait nous inquiéter au plus haut point. Une offensive sans précédent à l’échelle planétaire où les différents intégrismes religieux cherchent à réinvestir l’espace public pour contester la laïcité et la révolution féministe. Cette offensive s’effectue principalement sur deux fronts ; celui du politique avec cette fausse laïcité que l’on appelle «laïcité ouverte» et celui des idées avec la critique de la raison instrumentale, de son incomplétude et donc de la nécessité de réconcilier la foi avec celle-ci dans le but inavoué de réinjecter du surnaturel dans les sciences. Ne restera par la suite qu’à brandir la Bible et le Coran pour moraliser la vie de tous et chacun. Est-ce ainsi que nous voulons vivre ?

Dieu n’est pas mort et contrairement à ce que certains philosophes ont affirmé, il ne pourra pas. Il devient urgent d’en prendre toute la mesure, urgent que les athées fassent bien davantage que «de ne pas croire». L’athéisme n’est pas une foi et nous devons retrouver notre assurance, notre intelligence, notre mordant et nous manifester politiquement et intellectuellement. Nous devons absolument quitter la réserve dans laquelle la posture laïque nous a cantonnés et redevenir à nouveau pertinents. Ainsi la laïcité, les droits des femmes et les sciences, qui sont de fabuleux acquis de la modernité, n’en seront que mieux protégés.



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